Troisièmes Couteaux
Devant nous l'an 2000, quelques heures nous séparent.
N'en parlez pas m'a-t-on dit.
Et pourtant ce silence a comme un balancement maudit
Qui vous met la pendule à l'heure.
C'est le moment, c'est pas trop tôt pour parler des troisièmes couteaux.
Ils ne font rien, ils se situent, ils sont consultants ambigus
Des hydres multinationales.
Pas de nom, que des initiales, ils ont de grands ordinateurs.
Poules de luxe, hommes de paille, requins, banquiers, simples canailles.
Pas de nom et pas de photo, leurs sociétés sont étrangères.
Plus compliqué est le réseau qui les relie à leurs affaires.
Il était grand, il était beau.
Il sentait bon son Lugano, mon gestionnaire.
Justement, près de Lugano était la banque Ambrosiano.
Là où les vierges vaticanes faisaient fructifier leur magot.
Loge P2 dans ses arcanes à deux massifs cardinaux
Pour les consultations diaphanes avec de joyeux mafiosos.
Le fameux compte à numéro passe de Zurich à Lausanne
De Bâle à Londres, près de Soho, rencontra le troisième couteau
Il était chauve, il était gros.
Il portait des fringues de chez Smalto, mon mercenaire.
Les politiques, drôles d'oiseaux, prennent toujours pour plan de vol
Les bulletins de la météo, ils vont toujours où il fait beau.
Il fait beau dans les audimats, dans les sondages du Figaro.
Il fait très beau chez la misère et dans les œuvres humanitaires.
Il fait beau sur les droits de l'homme, il fait beau chez l'intégration
Le plein emploi, l'immigration, on se les gèle dans le pognon.
Politiquement leurs idéaux
Sont très ciblés sur deux critères : entre Mad Max et l'abbé Pierre
Pas de nom et pas de photo, leurs sociétés sont étrangères.
Plus étonnant est le réseau qui les réunit entre frères.
Ils ne font rien, ils se situent.
Ils prennent, ils se gavent, ils se tuent.
Trivialité derrière les mots, la réussite dans les crocs.
Ils sont là à tous les niveaux, c'est le règne des troisièmes couteaux.