La harpe jaune
Il jouait de la harpe jaune, du banjo de campagne, du piano des rues. Il faisait se lever des collines, des animaux comiques, des palais faits de trois rayons. Sous sa musique les femmes se promenaient en rond, elles s’éventaient, assises à l’ombre. Lui se balançait comme un arbre, il riait de ses farces, il faisait lentement voler des mottes dе terre autour de lui, еlles planaient avant de retomber dans un bruissement de vagues
J’avais déjà vu ça quand j’étais très petite. Il était venu de loin pour me chercher sans même connaître mon adresse. Je lui avais fait une couronne de fleurs, il m’avait construit un bateau dans un noyau de pêche
Quand il se changeait en vieille dame, il était très tendre, très drôle, très fort. Quand il était un enfant, il était sûr de lui. Quand il était un homme il pleurait, il riait à tomber. Quand il était voyant, il était très délicat. Quand il était bête, il était bête. Personne n’est parfait, il le savait lentement, encore plus que lorsqu’il en était sûr