Le lever
Assez dormir, ma belle
Ta cavale Isabelle
Hennit sous tes balcons
Vois tes piqueurs alertes
Et sur leurs manches vertes
Les pieds noirs des faucons
Vois écuyers et pages
En galants équipages
Sans rochet ni pourpoint
Têtes chaperonnées
Trainer les haquenées
Leur arbalète au poing
Vois bondir dans les herbes
Les lévriers superbes
Les chiens trapus criеr
En chasse, et chasse hеureuse!
Allons, mon amoureuse
Le pied dans l'étrier!
Et d'abord, sous la moire
Avec ce bras d'ivoire
Enfermons ce beau sein
Dont la forme divine
Pour que l'œil la devine
Reste aux plis du coussin
Oh! sur ton front qui penche
J'aime à voir ta main blanche
Peigner les cheveux noirs;
Beaux cheveux qu'on rassemble
Les matins, et qu'ensemble
Nous défaisons les soirs!
Allons, mon intrépide
Ta cavale rapide
Frappe du pied le sol
Et ton bouffon balance
Comme un soldat sa lance
Son joyeux parasol!
Mets ton écharpe blonde
Sur ton épaule ronde
Sur ton corsage d'or
Et je vais, ma charmante
T'emporter dans ta mante
Comme un enfant qui dort!