Les Bavards
Les bavards pépient
Chapelet d'oisillons
Sur un arbre blottis
Au matin qui sent bon
Ils se délient, gazouillent
Murmurent leurs états d'âme
Font vibrer leur bafouille
Fanfaronnent ou s'exclament
Les bavards tricotent
A l'endroit, à l'envers
Des pelotes de mots
Qu'ils dénouent pour en faire
Des histoires en cohorte
A tort et à travers
Des roses ou bien des noires
Des graves ou des légères
Pia
Pia pia pia pia pia pia pia
Pia pia pia pia pia pia pia
Si le silence est d'or
Alors ils n'ont plus rien
Qu'un manteau de paroles
Sur leur peau de chagrin
Dans l'ascenseur coincés
Comme les bavards jubilent
Jamais à cours d'idées
Ou de propos futiles
Pour dire le temps qu'il fait
Ou la fraicheur du soir
Devant l'autre qui se tait
Mais n'a plus peur du noir
Les bavards mutins
Babillent pendant l'amour
Sous les draps de satin
En causant sans détours
Et du flot continu
Quelle douce litanie
Dont parfois des mots crus
S'évadent au creux du lit
Han han han han han han han
Han han han han han han han
Si les mains des bavards
Pouvaient dire à leur place
On entendrait enfin
Pour sûr les anges qui passent
Les bavards bien souvent
Ratent les buts au foot
Oublient meme leurs enfants
Sur les aires d'autoroute
Ils laissent passer le bus
Ou la fin du feuilleton
On les retrouve parfois pendus
Au fil de la conversation
Les bavards s'endorment
En récitant tout haut
Des poèmes chloroformes
Où des moutons patauds
Enjambent un peu hagards
Des montagnes de mots
Et des phrases et des lettres
Et des phrases et des lettres
Et des phrases et des lettres
Et des phrases et des lettres
Bla
Bla bla bla bla bla bla bla
Bla bla bla bla bla bla bla
Si les mots saoûlent parfois
Alors comme ils sont ivres
Du flow où ils se noient
Et que la mort délivre
Bla
Bla bla bla bla bla bla bla
Bla bla bla bla bla bla bla