Le soleil noir

Monique Andree Serf, Roland Romanellli

Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie
Plus jamais du ciel lourd, jamais de matins gris
Je suis sortie des brumes et je me suis enfui
Sous des ciels plus légers, pays de paradis
Oh, que j'aurais voulu vous ramener ce soir
Des mers en furie, des musiques barbares
Des chants heureux, des rires qui résonnent bizarres
Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre
Des coquillages blancs et des cailloux salés
Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenés
Des soleils éclatants, des soleils éclatés
Dont le feu brûlerait d'éternels étés

Mais j'ai tout essayé
J'ai fait semblant de croire
Et je reviens de loin
Et le soleil est noir
Mais j'ai tout essayé
Et vous pouvez me croire
Je reviens fatigué
Et c'est le désespoir

Légère, si légère, j'allais court vêtue
Je faisais mon affaire du premier venu
Et c'était le repos, l'heure de nonchalance
À bouche que veux-tu, j'entrais dans la danse
J'ai appris le banjo sur des airs de guitare
J'ai frissonné du dos, j'ai oublié Mozart
Enfin j'allais pouvoir enfin vous revenir
Avec l'œil alangui, vague de souvenirs
Et j'étais l'ouragan et la rage de vivre
Et j'étais le torrent et la force de vivre
J'ai aimé, j'ai brûlé, rattrapé mon retard
Que la vie était belle et folle mon histoire

Mais la terre s'est ouverte
Là-bas, quelque part
Mais la terre s'est ouverte
Et le soleil est noir
Des hommes sont murés tout là-bas, quelque part
Des hommes sont murés
Et c'est le désespoir

J'ai conjuré le sort, j'ai recherché l'oubli
J'ai refusé la mort, j'ai rejeté l'ennui
Et j'ai serré les poings pour m'ordonner de croire
Que la vie était belle, fascinant le hasard
Qui me menait ici, ailleurs ou autre part
Où la fleur était rouge, où le sable était blond
Où le bruit de la mer était une chanson
Oui, le bruit de la mer était une chanson

Mais un enfant est mort
Là-bas, quelque part
Mais un enfant est mort
Et le soleil est noir
J'entends le glas qui sonne tout là-bas, quelque part
J'entends le glas sonner
Et c'est le désespoir

Je ne ramène rien, je suis écartelé
Je vous reviens ce soir, le cœur égratigné
Car, à les regarder, de les entendre vivre
Avec eux j'ai eu mal, avec eux j'étais ivre
Je ne ramène rien, je reviens solitaire
Du bout de ce voyage au-delà des frontières
Est-il un coin sur terre où rien ne se déchire?
Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire?
S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes
Et si je pouvais, seule, faire taire les armes
Je jure que, demain, je reprends l'aventure
Pour que cessent à jamais toutes ces déchirures

Je veux bien essayer
Et je veux bien y croire
Mais je suis fatigué
Et le soleil est noir
Pardon de vous le dire
Mais je reviens ce soir
Le cœur égratigné
Et c'est le désespoir
Le cœur égratigné
Et c'est le désespoir
Le désespoir!

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