L'Âne
Sur tes pattes, je dévale les sentiers dès le matin.
Bougre d'âne, je suis âne, nous ne formons qu'un
Car je trime dès l'aurore et te fais trimer encore
Au lieu de me prélasser à l'ombre d'un figuier.
Bougre qui m'tiens compagnie, dans les sentiers de la vie
Je m'demande... si je vais à quatre pattes
Et toi sur mes sabots, mon âne, bougre, bougre de veinard ?
La la la...
Quand tu bouges les oreilles, l'abeille qui te surveille
S'envole de toi et vient se poser sur mon nez.
J'vois bien qu'elle m'prend pour ton frère, c'est pas ça qui m'désespère
Mais de ne pas avoir les oreilles longues comme toi.
Bougre qui m'tiens compagnie, sous le soleil de midi
Je m'demande... si l'abeille t'aime ou bien
Si elle m'préfère à toi, mon âne, bougre, bougre de veinard !
La la la...
Quand tu chantes, quand tu clames l'amour, la fin de ton âme
La montagne entière chante aussi, hi han hi han.
Ta voix n'est pas délectable, mais nous mangeons à la même table
Et nos ventres creux résonnent de la même façon.
Bougre qui m'tiens compagnie, sous les étoiles de la nuit
Je m'demande... si la course au paradis sera gagnée par toi ou moi
Ou nous à la fois, mon âne, bougre, bougre de veinard !
La la la...