MARIE LA BLEUE
Marie la Bleue, depuis toujours
Tu te frottes à la plage
En ouvrant ton corsage
Comme une fille en mal d'amour
Marie la Bleue, les grands bateaux
Te déchirent le ventre
Mais qu'il pleuve ou qu'il vente
Tu dors, toute nue, sur le dos
Et moi, Marie la Bleue, Marie la mer
Je te prends dans le creux de ma main
Et je devine en tes yeux verts
Le secret de mes lendemains
Marie la Bleue, fille à marin
Ma folle vierge sage
Tu m'emmènes en voyage
Du soir de feu au clair matin
Enfant de la terre, trouvé dans Paris
Où la seine coule sous un ciel tout gris
Et où les bateaux dorment en bouteilles
Je me donne à toi de l'âme et du corps
Et je veux t'aimer bien après ma mort
T'aimer cent mille ans
Sans qu'on meurt et veille
Marie la Bleue, emporte moi
Dans le creux d'une vague
Docile comme une algue
Et plus seul qu'un morceau de bois
Marie la Bleue, devant mes yeux
Scintillent le mirage
De tes îles sauvages, fleuries
De trésors fabuleux
Demain Marie la Bleue, Marie la mer
Ma chimère a planté des jardins
Où l'on peut vivre à ciel ouvert
Libre enfin de vivre pour rien
Marie la Bleue
Ô c'était trop beau, adieu
Ma mie, mon rêve
Déjà le jour se lève
Et la nuit reprend ses cadeaux