Les faiseurs d’illusions sortent des lapins morts de leurs chapeaux
[Intro]
Tu vois ici on est dans un... un quartier à majorité de vieilles personnes... C'est à dire que les urbanistes conçoivent des logements dits "sociaux". C'est à dire des logements faits pour les jeunes, pour les jeunes couples qui démarrent, pour les ouvriers, pour les ménagères, et aussi peut-être pour les chômeurs... Tout ceci dans le plan d'une restructuration des plans de secteur, visant à vaincre la solitude du troisième âge en l'intégrant à la population active. C'est une chouette idée ! Mais où je ne suis pas d'accord, et c'est là qu'est la faille, c'est comment peut-on concevoir des habitations sociales sans la moindre recherche esthétique ?
Ça, ça n'est pas possible, je suis désolé !
[Couplet]
Yo, j’ai vomi mon repas sur les Weston d’un enculé de cadre
Trouvé un trésor dissimulé dans une poignée de sable
Éventré les formes, en aiguisant des lames de fond
Du coup je me sens mieux, je n’ai plus que des larmes de son
Et je m’évade, sous vingt-six apparences possibles
Je les additionne et m’échappe de mes carences fossiles
Dans les clubs, ils avalent leur néant dans des shooters
Rentre chez moi, seul, Prokofiev dans l’écouteur
Petit hominidé, que ses congénères enterrent
Les peuples éteints ont les meilleurs systèmes bancaires
Si tu savais, ce que j’en ai à foutre de leur drapeau
Les faiseurs d’illusions sortent des lapins morts de leurs chapeaux
Nique la droite, nique la gauche, voici leur vanité :
Ils ont la science matérialiste, moi dix-mille ans d’humanité
Je préfère viser la connaissance quitte à bouffer des pâtes
Je me sens plus proche des apaches et nique René Descartes
Ils méprisent la tradition pour le secteur tertiaire
Dans leur État de droit il n’y a plus que des adversaires
Alors tu sais, leur fraternité ce qu’ils peuvent en faire
L’époque n’a plus de cerveau mais un cul d’enfer
Voici tout ce qu’ils veulent ne plus avoir à trop gamberge
Et je subis votre monde moderne depuis bientôt trente berges
Marketé comme Stromae et le poisson pané
Plus vraiment de palier entre le Gorafi et l’AFP
Le Monde s’écroule et ça les fait marrer
Noyés dans leur propre merde c’est l’effet marée
Que ferons-nous quand leurs keufs brandiront les crosses ?
Envie de chialer quand je pense au monde où grandiront mes gosses
Les curés libéraux ont révisé les psaumes
Ils ont même appris aux pauvres à mépriser les pauvres
C’est pas dans leurs écoles que t’apprendras l’entraide
Le savoir véritable ne s’acquiert qu’en scred’
Je ne peux qu’encourager l’éveil et la culture
Le sens de ma musique échappe aux sépultures
Je ne serai pas le fruit que l’air du temps adopte
J’ai juste une autre vision des choses comme Cheikh Anta Diop
J’ai croisé Shankara en larmes sur un boulevard
Épongeant les pages de son Véda avec un bout de buvard
Pour être un étranger pas besoin de lire Camus
De ma fenêtre observe les toits de l’ancien Empire canut
Voici où mène leur civilisation
Du métier Jacquard à la bombe à neutrons
De l’Afrique Yoruba précoloniale aux guerres civiles
Des savoirs ancestraux aux émissions débiles
Est-ce que la pub pour ton yaourt parle du cancer ?
Quand les empires chutèrent est-ce que les foules dansèrent ?
Combien gardent une âme intègre cachée sous le manteau ?
En attendant que nos cendres servent d’engrais à Monsanto