Ma petite parfaite inconnue
2- MA PETITE PARFAITE INCONNUE
J'me suis jamais sentie plus lourde
Qu'après l'heure de la délivrance
Moi j'm'attendais à un coup d'foudre
À une sorte d'évidence
On t'a posée sur ma poitrine
Et tout à coup, j'étais perdue
T'étais jolie, t'avais bonne mine
Mais je ne t'ai pas reconnue
Quand tu m'es tombée dans les bras
C'est là que j'suis tombée des nues
J'ai paniqué, je savais pas
Comment t'souhaiter la bienvenue
J'voulais t'envelopper dans ma fibre
Mais elle n'était pas maternelle
J'me retrouvais, moi, la femme libre
Avec un mandat éternel
J'me suis jamais sentie plus faible
Que quand j'essayais d'être forte
J'aurais tellement eu besoin d'aide
Quand elle a refermé la porte
Cette infirmière qui m'a laissée
Toute seule, en larmes, les seins nus
Après m'avoir dit d't'allaiter
Toi, ma p'tite parfaite inconnue
J'croyais qu'avec le fil des jours
Et les grandes aiguilles des heures
J'saurais me coudre assez d'amour
Pour te promettre ma chaleur
Mais quelques mois se sont enfuis
Sans que mes bras ne se réchauffent
Tu avais froid dans notre nid
J'rendais malsaine ta vie sauve
J'me suis jamais sentie plus laide
Que quand j'suis allée consulter
Et qu'on m'a prescrit des remèdes
Que je m'en voulais d'avaler
Comment j'pouvais m'gaver d'pilules
Alors que tu venais de naître
Comme j'pouvais être aussi nulle
Alors qu't'étais aussi parfaite
Et puis y a eu ce matin-là
T'étais couchée sur mes genoux
Il était bleu, ton pyjama
Il était propre, il était doux
T'avais les yeux rivés sur moi
Quand ta p'tite joue s'est comme trouée
Et j'ai senti ma gorge se nouer
D'vant ta fossette pleine de joie
Je sais pas trop c'que tu m'disais
À travers tous tes gazouillis
Mais c'tait comme si tu m'rassurais
Que tu m'choisissais comme amie
J'sais pas si c'est l'médicament
Que j'avais pris à contre-cœur
Qui m'a permis c'tendre moment
De connexion avec ton cœur
Mais en tout cas, ce fut l'premier
Oui le tout premier de plusieurs
Le premier d'une éternité
De moments d'extrême bonheur
Tu es ma plus belle liberté
Mon antidote à la lourdeur