F.F.F (F**k le Foot Frère)

Maman m'a dit "Si tous les rêves s'réalisaient, la Terre serait un énorme terrain de foot"
Moi j'voulais juste courir sur l'herbe, j'en avais rien à foutre
Des souvenirs frustrants sur l'sample, flashback sur l'horizon
Poster de Zidane comme exemple, le frérot est en prison
Aucun regret mais disons, que j'me voyais dans dix ans
Enchaîner match sur match, titre sur titre, saison sur saison
"Le p'tit Moussa : rappelez-vous de ce nom"
C'est c'qu'on disait aux plus sceptiques quand je jouais à Cenon
J'les faisais pas mentir : promu ligue d'Aquitaine
Enchaîne stages, sélections, j'avais une âme de capitaine
Mais voilà là, sport et école chez moi faisaient mauvais ménage
J'faisais le singe, très peu d'méninges, j'aurais dû voir venir l'orage
Des recruteurs sont venus pour moi, à cause d'une lettre de renvoi
L'daron m'a mis sanction : aux Girondins, j'ai pu dire au revoir
J'lui en veux pas, pour lui le taf c'était l'usine ou maçon
J'ai passé l'année à la tess', mes potes : centre de formation
Éloge à Bordeaux, Azzedine à Nancy
M'appelait pour m'raconter ses kifs, donc j'me disais : "Moi aussi
J'y arriverai et quels qu'en soient les sacrifices", le but :
Atteindre mon rêve, l'espoir un sacré fils de pute, en vrai
Le football dans ma tête m'atteint le jour, la nuit
Les kilomètres à pied pour l'entraînement dans l'froid ou temps de pluie
J'squattais les city-stades, Air Max dans un état lamentable
Les grands m'disaient "J'croque trop la balle" mais je gardais la mental'
Une rage sortie d'mes entrailles
J'pouvais soulever des montagnes
La roue tourne selon l'sens du vent, dur quand t'as pas d'éventail
Petit footix devient racaille, sous l'bloc rabat des 'ients-ients
Parce que frustré qu'son club le bloque pour un essai à Lorient
Pas une excuse, mais bon, un moment ça fait chier
J'ai pas à faire l'lèche-cul, j'sais que je suis bon, pas besoin d'm'afficher
J'suis peut-être impatient ou un petit peu en flip car le temps passe
Car si la jeunesse a ses règles, ce qui vient après n'est pas Tampax frangin
Vient la période du biz', des plaques de 100G
On m'vient m'parler d'étranger et j'commence à y songer
Le frérot est sorti, mes potos sont à l'ombre
J'étais jeune pousse, j'deviens ortie, faut que j'change de cap, j'me barre à Londres direct
Un sac de foot, une petite valise, un peu d'argent
Un faux ami m'avais branché un faux agent
Sur le moment moi j'calcule pas, dans ma tête j'suis dans un film
Les clubs anglais, les stades, les fans, de réussir j'suis qu'à un fil
Une chance infime de montrer ce que je vaux
Un âne dans une course de chevaux
Devenu étalon grâce au talent, un crack du ballon
M'v'là en Premier League, enchaîne les buts
C'était pas trop tôt les mecs
On m'compare à Henry, Anelka, puis y'a ce coup de fil de Domenech

Tu te doutes bien que c'était dans le rêve, t'es là à remuer la nuque
C'est qu'forcément rien ne s'est passé
L'agent me l'a bien mise dans le uc'
J'connaissais pas la langue, un club d'division 2 voulait me prendre
Il durait à la longue, ils m'ont dit : "Rentre", j'avais envie d'me pendre
Quant à l'agent, il a disparu, mais nique pas moyen d'rentrer
J'galère en auberge de jeunesse, j'dors dans des entrées
En crise en plein décembre, cette histoire est indécente
Mais j'garde la foi, comme un phénix je vais renaître de mes cendres
J'rebondis dans un p'tit club, la poisse reviens me toiser
Sur un match j'me fais boiser, et là j'me fais les croisés
Je rentre en France, moral réduit à néant
J'étais parti faire le grand saut, m'v'là stoppé dans mon élan
Le temps n'guérit pas les douleurs, il t'apprend à vivre avec
J'me suis retrouvé sur un banc, de club en club, comme à la tess'
Et merde
Fuck le foot, frère
Maman m'a dit : si tous les rêves s'réalisaient la terre serait un grand terrain de foot
Moi j'voulais juste courir sur l'herbe, le reste j'en avais rien à foutre
Yeahma

Sur le terrain, le football
Ce petit gosse en veut
Mais 99% échouent et nous on prie tous en Dieu