RAYON DE LUMIERE
Je suis pas née du sexe qui va à l’école
Mais d’celui qui leur ramène des seaux d’eau sur les épaules
Là où tu manges les restes que si le chien n’a pas faim
Où le ciseau contrôle ton désir avant que naissent tes seins
La soumission, devoir être une enfant à vie
Comme si parce que mal née je n’avais pas d’ego pas d’avis
Vivre dans l’ombre du mâle, le faire briller comme joyau
J’ai oublié le sens des mots « libre » et « joyeuse »
Le soir en catimini j’ouvrais les cahiers de mon frère
J’me rêvais élève à minuit en essorant la serpillère
Au village les femmes sont plus dures que les hommes
Elle font payer ce qu’elles-mêmes endurent de leurs petites âmes
Le poids du patriarcat enserre tes chevilles, tes poignets
Je n’ai vécu jusque là qu’en guenilles, en pointillés
C’est décidé ce soir j’prends le zodiac sur la grande bleue
J’embarque, j’ai moins peur que de rester même si je tremble
Si tu lis bien sur mes lèvres tu ne verras que l’amertume
J’ai quitté l’enfer libyen pour une vie sans vertu
Venir en France, un foyer de l’enfance près d’opéra
Un minuteur brûlant dans le ventre aux rendez-vous OFPRA
Attendre une réponse, un statut, pour étancher mes plaies
Pourquoi j’te parle à toi ? J’voulais pas m’épancher c’est vrai
Parler au psy pourquoi ? Monsieur tu sais effacer le passé ?
Tu as toujours tes parents et tes chemises sont repassées
Les souvenirs remontent même lestés du poids du temps
Les espoirs retombent blessés. Et ça ça dépend de toi ?
C’est le pouvoir entre les mains des hommes qui m’a déconstruite
Et toi dis, tu as le pouvoir entre tes mains de construire la suite
Moi j’veux tout oublier pas parler de ce qui fait mal
La parole qui répare ça c’est trop un truc de blanc
Merci pour votre temps mais j’raconterai pas tout ça
J’ai laissé mon ancienne vie sur un rocher d’Lampedusa.
Mes couleurs préférées étaient le jaune et l’azur
J’ai traversé le désert et la mer sans chaussures
Mes couleurs préférées étaient le jaune et l’azur
Je suis qu’un rayon de lumière qui cherche l’embrasure