MATER
Je ne sais plus où j’en suis
De mes jours et de mes nuits
Aplati dans la poussière
Je balbutie : Terre, ma terre
Mon enfantine ronde
Ma fumante soupière
Sur la nappe du monde
Terre, ma terre
Mater Dolorosa
Qui te coiffais, l’hiver
D’un grain de mimosa.
Terre, pays des arbres buveurs de ciel
Terre, grossesse à la taille d’arc-en-ciel
Terre, sombre caveau de nos ossements
Terre, cinéma muet de notre tourment.
Je ne sais plus qui je suis
Je ne sais plus quoi je suis
Aplati dans la poussière
Je balbutie : Terre, ma terre
Patrie prédestinée
Dont les Dieux méditèrent
La Méditerranée
Terre, ma terre
Mon bel astre innocent
Qui rit en solitaire
Et bave un peu de sang.
Terre, il ne sera pas dit, non il ne
Terre, il ne sera pas dit que tu m’enterres
A coups de cime ou bien de cime terre
Avant que je n’aie percé le mystère.
Le mystère au fond du puits
De mes jours et de mes nuits
Et balayé la poussière
Qui souille mon habit
Mon organique habit qui m’habite
Terre, ma terre
Oh ma terre chérie,
Toi qui me fis des ailes à la bite
Terre, panthère rayée comme le temps
D’apercevoir l’éther et de crier maman.
Je ne sais plus où j’en suis
De mes jours et de mes nuits
Aplati dans la poussière
Je balbutie Terre, ma terre