Les Gares Et Les Ports
Les gares c'est con, sauf pour la vue, dans la fumée des villes perdues
Et des mouchoirs qui tendent leur nez à des "au revoir" longeant les quais
Les gares c'est con, SNCF, je préfère les trains de la RENFE
Et les bouquins qu'ont pas d'horaire qui roulent sous la lampe familière
Les gares c'est con, c'est dégueulasse
Ça sent le fourgon et le passe à l'as
Et tous ces mecs et leurs tickets, un trou avec par-dessus le marché
Les gares c'est con, sauf dans la nuit, certaines fois, y'en a qui crient
On dirait des orphelinats qui jouent aux dés toutes leur smala
Dormir dans le chagrin du vent, dormir jusqu'au nouveau printemps
Et dans les champs, mettre à la voile
Et pour une fleur, vendre une étoile
Tout simplement, sans bouger d'un centime
Dans la carrosse de la frime
Les ports c'est con, les gares aussi, quant aux Orly, n'en parlons pas
J'aime bien ma taule et mes bouquins
Je voyage en douce, ça me coûte rien
Les ports c'est con, même quand c'est là
Dans l'encre bleue d'une carte postale
Et quand je veux avoir le la, je me coupe en deux et je me cavale
Les ports c'est con, même autrefois
Quand les thoniers tendaient leurs bras
À la mariée en robe de toile, avec leur sang, soleil des voiles
Les ports c'est con, dans les bistrots et le folklore des matelots
Et la putain de la marée qui, va qui vient sans rien donner
Partir en cocotte en papier, partir dans le sleeping des prés
Et dans tes bras, faire une escale
Et dans tes yeux, me faire la malle
Rien que nous deux, sans boussole et sans voile
Avec toi pour étoile.