Pleure en silence
Persuadés d'avoir du vécu
Chacun de nous pense posséder le
Monopole de la souffrance
On arbore fièrement nos cicatrices
Et on aime à rappeler à quel point
Nos vies sont tristes et cruelles
On est le nombril du monde et
Tous prétendent avoir grandi à
L'ombre du bonheur on se fait notre ciné
Dans le vacarme de nos plaintes y a tant
De gens qu'on entend même plus pleurer
Tu sais, on ne souffre pas qu’en banlieue
Partout tu peux lire le même
Manque d’amour dans les yeux
Même dans les beaux quartiers
Des sourires sont des masques
On n’achète pas le bonheur sans qu'un
Jour le temps nous démasque
La détresse n'a pas de couleur, réveille-toi:
Sous combien de peaux blanches
Se cache la douleur?
Chacun ses secrets, emmurés dans le silence
Ces hémorragies internes qui nous
Font pleurer en silence
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même
Manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre
Mais comme derrière les barreaux
Mal-être chronique, nos douleurs qu'on traîne
On espère qu'elles disparaissent mais
En faite elles hibernent
Dans l'hiver de nos plaies
Nos cœur la renferme
C’est une peine sans sursis
À vie c'est du ferme
Et on se cache pour pleurer
Si on sourit au monde
C'est en espérant le leurrer
Parce qu'au fond
Qui peut réellement savoir ce qui nous
Tue et ce que l'on est?
Les gens se contentent de se comparer
Pas vrai?
Souffrir sans pouvoir le dire c'est pire
Moi j'ai encore la chance de l'écrire
Alors je chante pour celles et ceux
Qui meurent de leurs vivants
Dans des drames silencieux
Boulimie de douleur, anorexie de bonheur
Tous chantonnent leur vie en ré mineur
Même mineur
Chacun ses secrets, emmurés dans le silence
Ces hémorragies internes qui nous
Font pleurer en silence
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même
Manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre
Mais comme derrière les barreaux
Ne crois jamais être le seul
À pleurer de quoi inonder le sol
Certains enveloppent leur tristesse
Dans un linceul mais seuls
Ils finissent pleureurs comme le saule
Écoutes battre les cœurs, ils font boum-boum
Au rythme des peurs, boum, boum
Chacun porte son fardeau
Des cœurs gèlent et prennent
Les faux-semblants comme manteaux
Quand d'autres se replient dans la violence
Se cachent derrière l'arrogance
Traduisent leurs tristesses par l'insolence
Les gens cachent leurs douleurs
Se tiennent debout comme des arbres
Mais leurs branches sont d'argile
Du cristal sous du marbre
Les blessures mortelles sont celles
Qu'on ne peut confier
Si on se sent asphyxié
C'est qu'on tente de les étouffer
Chacun ses secrets, emmurés dans le silence
Ces hémorragies internes qui nous
Font pleurer en silence
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même
Manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre
Mais comme derrière les barreaux
Paris, on pleure en silence
New-York, on pleure en silence
Kinshasa, on pleure en silence
Palestine, on pleure en silence